Des éoliennes dans la vallée de Monet et Guillaumin
Alors que les pays voisins abandonnent l'éolien terrestre, un nouveau projet de 4 éoliennes est à l’étude sur les communes de La Chapelle-Baloue et Saint-Sébastien.
Ces éoliennes, d'une puissance nominale de 2 MW chacune, auront une hauteur de 100 mètres à l'axe du rotor et 150 mètres en sommet de pales et seront situées à 4km de la commune de Crozant, à proximité des vallées de la Creuse et de la Sédelle. Le projet prévoit l'implantation : de deux éoliennes sur le territoire de la commune de Saint-Sébastien entre les hameaux de Vaussujean (gare de Saint-Sébastien) et La Deunière, de deux autres éoliennes sur le territoire de la commune de La Chapelle-Baloue entre les hameaux de La Deunière et de Mazerolles.
L'enquête publique s’est déroulée du 22 juin 2015 au 22 juillet avec pour conséquence, un avis défavorable à l'unanimité des commissaires enquêteurs qui ont pointé de nombreuses lacunes dans le dossier, et permettent de s’interroger sur la fiabilité de l’entreprise qui porte le projet :
- création d'une société "coquille vide" au capital de 1000 € pour porter un projet de 11 millions €
- pas de mesures du gisement de vent avec un mât, mais extrapolation à partir des sites voisins.
- interrogations sur le raccordement au réseau.
- imprécisions sur les itinéraires pour le transport des éoliennes
- aucune information n'a été donnée aux propriétaires des terrains sur les éventuels risques pris en fin d'exploitation Comme l'ont pointé les commissaires, "cet aspect du dossier montre que IEL s'attache plus à l'obtention d'une autorisation à exploiter qu'à la mise en œuvre effective du projet". De surcroit, ces éoliennes vont être visibles de nombreux sites patrimoniaux dont la Vallée des Peintres Impressionnistes.
Comment peut-on laisser défigurer une vitrine touristique majeure de notre région, dans laquelle de forts investissements sont réalisés ? Rappelons que le centre d’interprétation de la peinture en Vallée de La Creuse a représenté un budget de plus de 1.500.000 euros, financés notamment avec le soutien d’une souscription publique orchestrée par la Communauté de communes du Pays Dunois via la fondation du patrimoine !
Où est la cohérence ? Que dira-t-on aux donateurs qui ont voulu contribuer à un projet de mise en valeur et qui constateront la dégradation du paysage occasionnée par ce projet ? Malgré les nombreux avis négatifs, la commission des sites et paysages de la Préfecture a donné un avis favorable juste avant Noël. On notera que, curieusement, la réunion a été avancée et que de nombreux titulaires, opposés à ce projet, n’étaient pas présents. Le Préfet a quand-même signé l'arrêté le 14 janvier. Au regard de ces éléments, nous demandons l’annulation pure et simple de ce projet. L’image de cette vallée ne doit pas être sacrifiée à l’intérêt financier de quelques-uns, et pour une rentabilité qui est loin d’être garantie, comme l’ont mentionné les Commissaires Enquêteurs qui n’ont pu obtenir d’information sur la productivité des 4 éoliennes de la Souterraine.
- Groupe Facebook : « Contre le projet d'éoliennes dans la vallée des peintres » Signataires pour leur association :
- ERICA : Liliane Chevallier (Présidente) 06.71.68.49.91 / 05 55 89 82 83
- Les Fruits du Terroir : Martine Mortain (pour le Président par délégation)
- CODEGASS : Bertrand Giraud (Président)
- Les amis du château médiéval de Crozant : Paul Buecheim (Président)
- Association des plus beaux villages de France : Vanik Berbérian (vice Président, maire de Gargilesse)
- P Wanty (Jardins de la Sédelle)
- ASPHARESD
L’enquête publique
Les Commissaires enquêteurs ont rendu un avis négatif à l’unanimité. Ils ont notamment basé leur avis sur de nombreuses imprécisions dans le dossier qui permettent de s’interroger sur la fiabilité de ce projet, et surtout de ceux qui le présentent.
Parmi les interrogations soulevées :
- Qui porte le projet ? « Lors de la réunion de présentation du projet, le maître d'ouvrage a présenté la société IEL Exploitation 7 comme une « société de projet », une sorte de « coquille vide » … « En conséquence, la commission conserve de sérieux doutes sur l'identification du porteur de projet (IEL Exploitation 7) et sur ses compétences en matière d'exploitation d'installations classées. En effet, un tel projet – chiffré à environ 11 millions d'euros – sera d'une part porté par une société au capital de 1 000 euros et, d'autre part, par une société ne disposant a priori d'aucun personnel en propre. » … « En résumé, si le montage n'est pas obscur, il ne démontre aucunement les capacités financières de l'exploitant. »
- Les risques portés par les propriétaires : « Le maître d'ouvrage affirme que « la responsabilité de l’éolienne incombe à la société IEL Exploitation 7 et en aucun cas aux propriétaires et exploitants des parcelles concernées ». Cette affirmation vaut, bien entendu, en situation normale, mais ne vaut plus en situation dégradée (défaillance des sociétés tel que mentionné plus haut). Il en résulte qu'aucune information n'a été donnée aux propriétaires des terrains sur les éventuels risques pris en fin d'exploitation. »
- Les mesures du vent : « Le gisement de vent n'a pas fait l'objet de mesures avec un mât, mais de calculs issus d'une extrapolation qui ne sont guère détaillés dans le dossier »
- Les retours des autres parcs éoliens situés à proximité : « Le fonctionnement des parcs actuellement en exploitation dans la région est une donnée importante, qui permet au public et aux riverains de constater une utilité à l'installation des éoliennes. Or, ces informations n'ont pas été recherchées par le maître d'ouvrage, au motif que ce ne sont pas des données publiques. De son côté, la commission a interrogé le maire de La Souterraine ainsi que le maire de Saint-Agnant-de-Versillat sur les retombées fiscales du parc existant sur leur secteur ... Le maire de Saint-Agnant-de-Versillat a orienté la commission vers la communauté de communes et le maire de La Souterraine (et président de la communauté de communes) n'a pas répondu. La commission en déduit (peut-être hâtivement…) que le parc éolien en question ne fonctionne pas autant que prévu, ce qui confirmerait les observations visuelles effectuées par bon nombre d'habitants du secteur de la Souterraine.
- Le raccordement au réseau : « La commission constate que la question du raccordement au réseau électrique n'est pas encore tranchée et ne peut donc se prononcer sur son impact éventuel. Comme pour le cheminement des convois, cet aspect du dossier montre que IEL s'attache plus à l'obtention d'une autorisation à exploiter qu'à la mise en œuvre effective du projet ».
- Le transport des éoliennes : « La question de l'itinéraire des convois n'a pas été traitée avec suffisamment de rigueur par le maître d'ouvrage, malgré la précision des questions de la commission. La commission ne sait donc toujours pas quel sera l'itinéraire des convois depuis les principaux axes routiers, quels seront les bourgs et les hameaux traversés ou les ponts empruntés. Par exemple, le maître d'ouvrage indique qu'une largeur de voie de 3,5 à 5 m devra être dégagée selon les configurations du terrain, alors que certaines voies d'accès ne dépassent pas 3 m de large. En conséquence, les réels impacts des convois sur l'environnement ou les propriétés n'ont pu être évalués et la commission rejoint les craintes exprimées par des riverains, notamment par certains propriétaires hostiles au passage des convois sur leurs propriétés. ».
Impact sur les monuments historiques et sites classés d’après le dossier de IEL Exploitation 7 Il y a donc bien covisibilité de ce projet depuis les sites classés